Se raser le crâne… Moi ça m’a pris il y a maintenant plus de 6 ans. Pour beaucoup dans mon entourage, juste un coup de tête, un début de dépression, de folie… en tout cas rien de sain là dedans.
Et pourtant 6 ans après, toujours les cheveux entre 3 et 12 mm, toujours vivante et plus épanouie que jamais, n’en déplaise à tous mes détracteurs.
Mais tout ce chemin n’a pas été de soi, il a été jalonné d’insultes, de souffrance, de regards agressifs… et tout ça pour quoi ? Pour une histoire de longueur de cheveux ?
En y réfléchissant, c’est quand même assez invraisemblable de voir que l’être humain en est encore à ce stade.
En fait, je crois que plus on me balançait de méchancetés au visage et plus j’étais convaincue de la nécessité de rester ainsi, le cheveux ras et ceci jusqu’à ce que les mentalités changent enfin. Je crois que je suis loin de pouvoir laisser repousser mes cheveux…
C’est un combat perdu d’avance, l’homme est pétri de préjugés et je doute qu’il puisse un jour s’en délester.
Depuis tout ce temps, je peux dire que c’est un peu grâce à ce site que je résiste et grâce au fait que je sois toujours convaincue qu’une femme doit avoir les mêmes droits qu’un homme, à savoir se raser le crâne si elle en manifeste le désir.
En plus, c’est tout de même un acte relativement inoffensif pour soi autant que pour les autres : on ne dérange personne et on ne se fait pas de mal. Alors où est le problème ?
Le problème, c’est qu’on renvoie aux gens une image qu’ils n’ont pas coutume de voir, l’image de quelqu’un qui transgresse la norme, qui s’en affranchit alors qu’eux se contraignent encore à la respecter.
Pour certains, c’est aussi le symbole d’une sexualité débridée, trip SM, pour d’autres la maladie ou bien encore le bouddhisme, ou skinhead ou lesbienne hardcore. Autant de déclinaisons que de préjugés. Et même la famille s’y met, pourtant ils me connaissent, ils savent qui je suis, et que ce n’est pas quelques centimètres de cheveux en plus ou en moins qui vont me transformer en quelqu’un d’autre…
Et pourtant, je résiste. Bêtement certains diront. Pourquoi continuer à lutter ? Pour qui ?
Juste pour faire valoir nos droits, juste pour faire « chier » ce monde étriqué, juste pour bousculer tous ses préjugés dans lesquels on s’enferme.
Je revendique et essaierais de revendiquer le plus longtemps possible le droit de faire ce que je veux avec mes cheveux. Je ne laisserais pas la société me faire rentrer dans son moule, peu m’importe s’il me faut faire mes preuves plus qu’une autre pour trouver du travail ou un mec.
Parce qu’il n’y a rien de plus agréable que de sentir le vent ou la pluie sur son crâne presque lisse et parce que la liberté d’être soi n’a pas de prix.