Ce genre de choses m’est arrivée souvent, et les questions ne venaient pas toujours des enfants. La seule différence, c’est que pour eux c’est plus innocent, et suivant la réponse que l’on donne, ils l’ont oubliée l’instant d’après. Quand la question vient d’un adulte, je suis beaucoup plus gênée. D’abord parce que je trouve qu’ils n’ont pas à poser cette question même si cela les démange. Est-ce que ces mêmes personnes, oseraient demander à une personne qui est dans un fauteuil roulant ou mutilée pourquoi elle est comme ça ?
Les gens ont ce besoin de savoir, de comprendre ce qu’ils ne peuvent pas expliquer. Peut-être est-ce pour se rassurer ou se protéger.
Hélas, mon fils a eu à subir la méchanceté d’un enfant de sa classe de CM2, l’an dernier. En effet, mon fils était ami avec ce garçon depuis 2 ans et donc, en toute innocence, il lui avait confié ce secret. A son grand malheur, celui-ci s’était empressé de le raconter à toute la classe lors d’une petite querelle. Pour mon fils cela a fait mouche. En effet, étant un enfant assez dur et plutôt « rentre dedans », c’était bien la seule chose qui pouvait le miner. « Cet ami » l’avait trahi. Mais le pire, ce n’est pas tant parce qu’il avait perdu « cet ami », mais plus le fait que tout le village allait être au courant du fait que je portais une perruque. En ce qui me concerne, je l’ai rassuré, lui faisant comprendre que je me moquais que tout le monde soit au courant. Par contre, j’ai eu plus de mal à gérer son chagrin : il pensait que je ne l’aimerais plus parce qu’il avait dévoilé ce « secret ». Aujourd’hui, l’incident est oublié, mais je dois avouer que jusqu’à ce jour, jamais je n’aurais pensé que cela puisse l’atteindre. Il m’a toujours connu sans cheveux, ni cils et sourcils, et pour lui je suis la plus jolie.
Une chose est sure, c’est que pour mon fils, qui vit cela au quotidien et sans tabou, fait de lui quelqu’un de plus sensible et respectueux des différences, quelles qu’elles soient.
Je me souviens que cet été, en rentrant d’une après-midi de jeux avec ses camarades, tout près de chez nous, il m’a dit : « Maman, le papa de … porte aussi une perruque, je l’ai vu parce que il avait pas enlevé l’étiquette derrière. J’avais envie de lui dire parce que je voulais pas que les autres le voient, mais j’ai pas osé. » Que voulez-vous répondre à cela ?
Mon fils est la personne qui partage le plus mon expérience de la pelade. Il m’accompagne même chez mon prothésiste lorsque que je remplace ma perruque, et il a un esprit très critique sur mes choix. Pas question que je prenne des perruques qui me ferait ressembler à une grand-mère ! Je peux vous assurer que c’est une super complicité.