Bouquins

La pensée straight

de Monique Wittig — 1978

L’hétérosexualité est un régime politique, duquel les lesbiennes sont hors-la-loi.


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Les lesbiennes ne sont pas des femmes. C’est par ces mots que Monique Wittig clôt sa conférence sur La Pensée straight, en 1978. L’onde de choc provoquée par cet énoncé n’en finit pas de se faire ressentir, aujourd’hui encore, dans la théorie féministe et au-delà. Les lesbiennes ont en effet une place spécifique à l’intérieur de la classe « femmes ».

En analysant l’aspect fondateur de la « naturalité » supposée de l’hétérosexualité au sein de nos structures de pensées, que ce soit par exemple dans l’anthropologie structurale ou la psychanalyse, Monique Wittig met au jour le fait que l’hétérosexualité n’est ni naturelle, ni un donné : l’hétérosexualité est un régime politique. Il importe donc, pour instaurer la lutte des « classes », de dépasser les catégories « hommes » / « femmes », catégories normatives et aliénantes. Dans ces conditions, le fait d’être lesbienne, c’est-à-dire hors-la-loi de la structure hétérosexuelle, aussi bien sociale que conceptuelle, est comme une brèche, une fissure permettant enfin de penser ce qui est « toujours déjà là ».