La mise en place de l’ornement labial inférieur, le labret, intervient avant l’âge de 10 ans : après extraction des incisives inférieures, la lèvre est perforée et une cheville de bois mise en place. L’orifice est agrandi d’année en année par l’introduction de cylindres de plus en plus grands, jusqu’à mise en place d’un grand disque d’argile décoré de gravures, appelé « dhebbi ». Certaines filles persévèrent jusqu’à ce que leur lèvre accepte des disques de 12 cm de diamètre !

On ne sait pas avec précision l’origine et la fonction de cette pratique. Dans un article publié en 1939, Marco Marchetti précisait que le percement de la lèvre était accompagné du percement de l’hymen. Certains anthropologues prétendent que cette mutilation labiale avait pour but de rendre inesthétiques les femmes afin de les protéger des razzias esclavagistes.
Parure de séduction
Quelle signification lui donnent les Mursi ? C’est une parure de séduction. C’est un signe d’appartenance et une modification esthétique pour renforcer la beauté. Exclusivement féminin, le port du labret, n’est pas permanent. Peu pratique, il n’est pas porté dans la vie quotidienne, mais seulement en présence des hommes et lors des rencontres importantes où sourires espiègles et regards canailles trahissent un désir de plaire, surtout au moment du « donga », quand les combattants ont acquis le droit de convoiter une compagne. Le labret est porté de la maturité sexuelle à la naissance des premiers enfants, c’est-à-dire pendant quelques années seulement. Les femmes le délaisseront ensuite, laissant leur lèvre se rétracter.

Ce n’est pas la seule parure des femmes, qui portent aussi des colliers faits de coquillages ou de perles et se rasent le crâne. Par ailleurs, hommes et femmes se percent les oreilles où de semblables disques, de diamètre moindre, sont insérés et portent des scarifications sur le ventre, les bras ou la poitrine. Hommes et femmes se rasent le crâne. Les plus coquets vont jusqu’à s’épiler les cils.
Peuple semi-nomade du sud de l’Éthiopie, les Mursis vivent à la périphérie ouest du Parc national de Mago, en bordure de la rivière Omo. C’est un des derniers peuples d’Afrique où les femmes portent encore des ornements labiaux et auriculaires en forme de disques plats, d’où leur nom de « femmes à plateau ». Longtemps isolées du reste du monde, quasiment inconnues encore à notre époque, ces tribus ont gardé leurs coutumes, leurs modes de vie ancestraux. Pour combien de temps encore ?